Injection intracaverneuse : guide complet pour qui, comment

Dr. Sam Ward - Urologue et Andrologue

Médicalement approuvé par Dr. Sam Ward

Directeur médical, Urologue et Andrologue

Publié le 11/30/2025 - Mis à jour le 11/30/2025
5 min de lecture

L'injection intracaverneuse représente une solution efficace pour les hommes souffrant de troubles de l'érection lorsque les traitements oraux ne fonctionnent pas. Utilisée depuis plus de 40 ans, cette technique permet de retrouver une érection satisfaisante grâce à l'administration directe d'un médicament dans le pénis. Découvrez à qui s'adresse ce traitement, comment il fonctionne et les précautions à respecter.

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Qu'est-ce que l'injection intracaverneuse ?

L'injection intracaverneuse (IIC) est un traitement médical destiné aux hommes souffrant de dysfonction érectile. Elle consiste à injecter directement un médicament vasodilatateur dans les corps caverneux du pénis, ces structures spongieuses qui se gorgent de sang lors de l'érection.

Le médicament utilisé est généralement l'alprostadil, une prostaglandine E1 qui provoque le relâchement des fibres musculaires lisses des corps caverneux. Cette action favorise l'afflux sanguin vers le pénis et déclenche une érection en 5 à 15 minutes, même sans stimulation sexuelle préalable. L'effet dure généralement le temps d'un rapport sexuel, soit environ 30 minutes à une heure selon le dosage.

En France, deux spécialités sont disponibles en pharmacie : l'Edex® et le Caverject®. Ces médicaments se présentent sous forme de cartouches ou de flacons avec des dosages de 10 ou 20 µg/ml, permettant d'adapter le traitement aux besoins de chaque patient.

Pour qui est indiquée l'injection intracaverneuse ?

Traitement de deuxième intention

Les injections intracaverneuses sont principalement prescrites lorsque les traitements oraux comme le Viagra ou le Cialis s'avèrent inefficaces ou contre-indiqués. Elles constituent un traitement de deuxième intention recommandé par l'Association Française d'Urologie dans les situations suivantes :

  • Contre-indication aux traitements oraux, notamment en cas de prise de dérivés nitrés pour des troubles cardiaques
  • Dysfonction érectile sévère d'origine organique ne répondant pas aux comprimés
  • Besoin d'un effet plus rapide et contrôlé

Indications spécifiques

Certaines situations médicales rendent les IIC particulièrement adaptées. Les patients diabétiques avec une dysfonction érectile sévère bénéficient souvent de ce traitement lorsque les médicaments oraux ne suffisent pas. Les hommes atteints de sclérose en plaques ou d'autres affections neurologiques représentent également de bons candidats.

Après une prostatectomie radicale pour cancer de la prostate, les injections intracaverneuses jouent un rôle essentiel dans la rééducation pénienne. Elles permettent de maintenir l'oxygénation des tissus caverneux, de prévenir la fibrose et de favoriser la récupération des érections spontanées. Les urologues recommandent généralement de débuter ce traitement dans le mois suivant l'intervention.

« La rééducation par injection intracaverneuse après prostatectomie permet d'éviter la rétraction de la verge et l'apparition de fibroses dans les corps caverneux. »

Les patients présentant des séquelles d'autres chirurgies pelviennes (cystectomie, exérèse colorectale) ou ayant subi une radiothérapie abdominopelvienne peuvent également bénéficier de ce traitement.

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Comment se déroule l'injection ?

La première injection médicale

La première injection doit impérativement être réalisée sous contrôle médical, généralement par un urologue ou une infirmière spécialisée. Cette étape permet d'évaluer la réponse du patient, de déterminer le dosage approprié et d'enseigner la technique d'auto-injection.

Le médecin commence par une dose très faible (2,5 µg) pour éviter tout risque de priapisme. Si l'érection obtenue est insuffisante, la dose sera augmentée progressivement par paliers de 5 µg lors des administrations suivantes, jusqu'à un maximum de 20 µg.

Technique d'auto-injection

Une fois la dose optimale déterminée, le patient peut réaliser lui-même les injections à domicile. Voici les étapes essentielles :

  • Préparation : se laver soigneusement les mains et désinfecter la zone d'injection
  • Site d'injection : piquer sur la face latérale du pénis (à droite ou à gauche), jamais sur le dessus ni sur le dessous
  • Angle : orienter la seringue perpendiculairement au pénis (à 90°)
  • Profondeur : enfoncer l'aiguille jusqu'à la garde pour atteindre les corps caverneux
  • Après l'injection : comprimer le point d'injection pendant 5 minutes pour éviter les hématomes

L'aiguille utilisée est extrêmement fine, ce qui rend la piqûre généralement indolore. Il est recommandé d'alterner les côtés et les sites d'injection pour éviter la formation de tissu fibreux.

Efficacité et avantages du traitement

Les injections intracaverneuses présentent des taux d'efficacité remarquables, avec une satisfaction des patients comprise entre 87 et 94 % selon les études. Leur principal avantage réside dans leur rapidité d'action : l'érection survient en 5 à 10 minutes, sans nécessiter de stimulation sexuelle préalable.

Contrairement aux traitements oraux comme le Tadalafil ou le Sildénafil, les IIC n'interagissent pas avec l'alimentation. Elles peuvent être associées à d'autres traitements (vacuum, inhibiteurs de la PDE5) pour optimiser les résultats, sous réserve de l'avis médical.

Après une prostatectomie, les injections permettent une rééducation pénienne efficace en stimulant régulièrement l'afflux sanguin vers les corps caverneux. Cette oxygénation régulière prévient la fibrose et améliore les chances de récupération naturelle de la fonction érectile.

Effets secondaires et précautions

Effets indésirables fréquents

L'effet secondaire le plus courant est la douleur pénienne, signalée par environ 30 % des patients au moins une fois. Cette douleur est généralement légère à modérée et s'estompe avec la répétition des injections. Elle peut être plus marquée chez les hommes n'ayant pas eu d'érection depuis longtemps.

D'autres effets peuvent survenir : hématomes au point d'injection (3 % des cas), sensation de brûlure pendant l'érection (environ 10 %), ou légers saignements sans gravité.

Le risque de priapisme

Le priapisme constitue la complication la plus préoccupante. Il s'agit d'une érection douloureuse persistant au-delà de 4 heures, qui représente une urgence médicale absolue. Non traité, il peut entraîner une fibrose irréversible des corps caverneux et une impuissance définitive.

« Une érection qui dure plus de 3 heures nécessite une consultation urgente. Le patient doit toujours avoir le numéro de téléphone de l'équipe médicale qui suit son traitement. »

Le risque de priapisme reste faible lorsque le protocole d'augmentation progressive des doses est respecté. Des érections de 4 à 6 heures surviennent chez environ 4 % des patients.

Contre-indications

Les injections intracaverneuses sont contre-indiquées dans les cas suivants :

  • Troubles de la coagulation ou traitement anticoagulant (surveillance renforcée nécessaire)
  • Affections prédisposant au priapisme (drépanocytose, myélome multiple, leucémie)
  • Déformation pénienne, fibrose caverneuse ou maladie de Lapeyronie
  • Fragilité cardiovasculaire contre-indiquant l'effort que représente l'activité sexuelle
  • Port d'un implant pénien
  • Médecins spécialisés en santé sexuelle masculine
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Aspects pratiques et remboursement

Prix et accessibilité

Les injections intracaverneuses sont délivrées uniquement sur ordonnance médicale. Leurs prix en pharmacie sont les suivants :

MédicamentConditionnementPrix
Edex®Boîte de 2 cartouches17,60 €
Caverject®Boîte de 1 flacon8,83 €

Remboursement

En règle générale, les traitements de la dysfonction érectile ne sont pas remboursés par l'Assurance Maladie. Toutefois, un remboursement partiel à 30 % peut être accordé dans le cadre de la procédure des médicaments d'exception pour certaines situations : paraplégie ou tétraplégie, traumatismes du bassin, séquelles de chirurgie carcinologique (prostatectomie radicale, cystectomie), radiothérapie abdominopelvienne, diabète ou maladie neurologique.

Fréquence d'utilisation

Il est recommandé de respecter un délai minimum de 24 heures entre deux injections et de ne pas dépasser 3 injections par semaine. Une utilisation excessive peut augmenter le risque de formation de cicatrices péniennes.

Questions fréquemment posées sur l'injection intracaverneuse

La piqûre en elle-même est généralement indolore grâce à l'aiguille ultra-fine utilisée. En revanche, l'érection qui suit peut s'accompagner d'une légère sensation d'engourdissement ou de douleur, surtout au début du traitement. Cette gêne s'atténue généralement avec la répétition des injections. Si les douleurs sont trop importantes, votre médecin peut temporairement réduire la dose.

Une érection persistant au-delà de 4 heures constitue une urgence médicale appelée priapisme. Vous devez contacter immédiatement votre médecin ou vous rendre aux urgences. En attendant, vous pouvez tenter de refroidir la verge avec une compresse froide et pratiquer une activité physique légère. Ne tardez jamais à consulter car le risque de séquelles augmente avec le temps.

Les injections intracaverneuses peuvent être associées à un vacuum (pompe à érection) pour optimiser les résultats. Cependant, elles ne doivent jamais être utilisées en même temps que des traitements oraux comme le Viagra ou le Cialis, car cela augmenterait dangereusement le risque de priapisme. Consultez toujours votre urologue avant toute association thérapeutique.

L'érection apparaît généralement en 5 à 15 minutes après l'injection et dure en moyenne 30 minutes à 1 heure selon le dosage. La durée peut varier d'un patient à l'autre. Si l'érection est trop courte ou insuffisante, votre médecin pourra ajuster la dose lors des utilisations suivantes.

Oui, votre partenaire peut tout à fait apprendre à réaliser les injections, notamment si vous avez des difficultés de dextérité, des troubles visuels ou une appréhension importante. L'apprentissage se fait sous supervision médicale. Cette participation du couple peut d'ailleurs renforcer l'intimité et faciliter l'acceptation du traitement.

Dr. Sam Ward - Urologue et Andrologue

Révision médicale par le Dr. Sam Ward

Directeur médical, Urologue et Andrologue

Le Docteur Sam Ward, urologue et andrologue, dirige le service d'urologie à la Clinique Saint-Jean de Bruxelles depuis octobre 2024. Membre du Comité exécutif de la Chaire UNESCO Santé sexuelle & Droits humains et cofondateur de Kano.care, il est spécialise en santé masculine et médecine sexuelle.

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Sources

Association Française d'Urologie (AFU) – Fiche info patient : Injection intra-caverneuse d'alprostadil. https://www.urofrance.org/wp-content/uploads/2025/03/INJECTION-INTRA-CAVERNEUSE-DALPROSTADIL.pdf

Haute Autorité de Santé (HAS) – Commission de la Transparence : Avis sur EDEX. https://www.has-sante.fr/upload/docs/evamed/CT-14604_EDEX_PIS_RI_Avis2_CT14604.pdf

Base de données publique des médicaments – Résumé des caractéristiques du produit EDEX 20 microgrammes. https://base-donnees-publique.medicaments.gouv.fr/affichageDoc.php?specid=66297965&typedoc=R

Amar E, Kobelinsky M, Khoury R, et al. "Le traitement de l'impuissance sexuelle par injections intra-caverneuses de prostaglandine E1" – Progrès en Urologie 1993;3:971-978. https://www.urofrance.org/base-bibliographique/le-traitement-de-limpuissance-sexuelle-par-injections-intra-caverneuses-de

VIDAL – Monographie EDEX : indications, posologie, contre-indications. https://www.vidal.fr/medicaments/gammes/edex-3202.html

Sante.gouv.fr – Protocole de coopération interprofessionnelle : Première injection intra-caverneuse. https://sante.gouv.fr/IMG/pdf/protocole_premiere_injection_intra_caverneuse.pdf

Les traitements contre les troubles de l'érection, tels que le Viagra®, Cialis®, Levitra® et Spedra®, ainsi que les traitements contre l'éjaculation précoce, tels que le Priligy® (dapoxétine) et le Fortacin® (mélange de lidocaïne et de prilocaïne), présentent des risques potentiels qui varient selon l'état de santé du patient. Ils peuvent entraîner des effets secondaires, notamment des problèmes cardiovasculaires, des interactions médicamenteuses dangereuses, des érections prolongées (priapisme), des nausées, des vertiges, des maux de tête, des troubles digestifs ou des réactions cutanées locales. Il est essentiel de ne jamais prendre ces médicaments sans l'avis d'un professionnel de santé qualifié. Une consultation médicale rigoureuse permet de déterminer le traitement adapté à chaque individu, en prenant en compte les antécédents médicaux, les contre-indications et les interactions médicamenteuses possibles. De plus, il est crucial de s'assurer que les médicaments proviennent de sources fiables et autorisées. Les médicaments achetés en dehors des circuits légaux ou sans prescription médicale peuvent être falsifiés, inefficaces ou même nocifs pour la santé. Consultez toujours un médecin avant d'utiliser ces traitements et faites-vous délivrer les médicaments par une pharmacie agréée.